Dans la chambre de mes enfants, il n’y a pas que des pirates et des princesses (malheureusement) : il est parfois question de sujets importants qui font partie de la vie comme, ici, celui du deuil, particulièrement bien présenté.

Voici un ouvrage classique sur la forme avec des pages, de grand format, qui laissent une grande place aux illustrations simples, douces et colorées. Un jeu d’animation, avec des volets et des découpes de pages, permet de donner davantage forme à l’histoire : ainsi une porte s’ouvre sur une personne qui sera alors présente pour garder le petit garçon, l’image de sa chatte Mina et ses petits qui devient l’endroit fleuri où elle repose…

Côté histoire, on assiste à une discussion entre un petit garçon et sa mère à l’annonce du décès de sa grand-mère. Il a beaucoup de questions et elle répond à chacune d’entre elles, simplement (par exemple : « Mais, « mort », qu’est-ce que ça veut dire ? » « Mais pourquoi les gens doivent-ils mourir ? » « Est-ce que Papa et toi allez mourir ? » ). Pour que l’enfant comprenne mieux, une comparaison est parfois faite avec la disparition de Mina dont Merlin, son chaton, rappelle la présence. J’ai particulièrement aimé ce passage optimiste : « Espérons que nous vivrons tous les deux aussi longtemps que Grand-mère. Pense à Grand-oncle Lucien : il est très vieux. » mis en forme par une découpe des yeux des parents du petit garçon, en page précédente, dont le fond correspond aux yeux du grand-oncle, en page suivante (voir l’extrait en photo ci-avant).

Je trouve que la simplicité du vocabulaire et la pertinence du texte permettent de rendre accessible le sujet aux enfants, à partir de 3 ans. Le format est aussi réussi et les animations donnent réellement une dimension aux explications.

En tant que mère, j’attendais de reparler de la question du deuil avec ce livre tel une fenêtre ouverte : reprendre le fil de l’histoire à travers les pages pour prendre de la distance. En effet, malgré les discussions que j’ai eu avec Alex, cela permet, selon moi, de lui montrer que c’est une chose normale qui n’arrive pas qu’à lui, ce n’est pas un phénomène exclusif. Cela ajoute au sentiment de sécurité et, sur ce point, ce livre retranscrit une réaction intéressante de l’enfant : il souhaite savoir comment il pourra se souvenir de sa grand-mère et il exprime sa tristesse. Sa mère lui propose de faire un dessin d’elle pour formuler son souvenir. Elle lui explique aussi que son sentiment est normal et qu’ils, car il n’est pas seul, se souviendront aussi des bons moments passés avec elle. Elle « l’autorise » ainsi à vivre son ressenti et l’aide à l’exprimer, comme nous l’avons tous à cœur.

Et les enfants : Il ne s’agit pas ici de formuler un avis. Pour être franche, Alex était intéressé par le fait d’en savoir plus à travers un livre (qu’il a choisi avec moi) : peut-être une façon d’avoir une vue extérieure, pas seulement celle de ses parents. Le sujet a déjà été expliqué à l’époque et on en a discuté plusieurs fois mais la question est revenue dernièrement. Ce n’était pas si clair finalement. Cependant, j’ai voulu faire selon sa volonté en lui proposant de le parcourir à son rythme : quand il le souhaite, d’abord en regardant les images puis, à sa demande, avec la lecture. La présentation dynamique est pour cela très agréable et permet de répondre à la sensibilité des enfants.

Editions Gallimard Jeunesse - prix conseillé : 13,50 € - 40 pages - format : 248 x 270 mm

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