Puis un jour, en rentrant d’une pêche au cabot, alors que mon papi discutait – il savait bien faire et était très bon là aussi – avec un autre pêcheur, je vis passer sous le bateau une grande ombre avec une grosse queue rouge. Pas de doute, c’était une carpe et une grosse carpe. Aussi grosse que celles de l’arrière grand père, peut être plus ! ! ! Il allait bien falloir en découdre…
A cette époque, j’étais au collège et avec mon copain, Eric, et deux autres, Stéphane et Nicolas, en période scolaire, nous allions dès qu’on pouvait à Saint Thomas ou au Canal du Midi. Nous y allions surtout quand nos parents pouvaient nous y emmener ! On pêchait avec des asticots, du maïs doux et des vers de terre. Notre matériel était simple, bien sûr un peu mieux que ma canne en bambou des débuts. Et bien sûr nous avions toujours le fameux mélange de farines pour attirer les poissons et qui s’appelle une « amorce ». Quand le poisson était plus gros que d’habitude, parfois il emmenait une canne dans l’eau et on se débrouillait pour la récupérer comme on pouvait.
Je savais déjà que la pêche c’était pour moi. Voilà, je voulais être Pêcheur ! Il y avait bien deux autres métiers qui me plaisaient et je voulais être vétérinaire ou œnologue (celui qui fabrique le vin) mais la pêche était là et bien là. Et le mercredi j’allais parfois au magasin de pêche avec ma mère pour acheter des flotteurs, des hameçons et de l’amorce, tu sais le fameux mélange de farines qui attire les poissons ! Un jour, j’ai acheté presque par erreur une amorce qui n’était pas celle que je prenais d’habitude. Et ce jour là, tout a basculé. C’était le mélange idéal pour les carpes et je me retrouvais dans la cuisine à préparer cet appât spécial pour les grandes carpes. L’incontournable bouillette pour tout pêcheur de carpes qui se respecte. Son odeur d’épices mélangée avec le parfum aux fruits pour gâteaux embaumait toute la pièce. Ca sentait bon la cannelle, le clou de girofle et les fruits rouges. On en aurait mangé. Mais c’était pour les carpes…
Et j’en ai pris depuis ce jour des dizaines. Des petites carpes, des grandes, des carpes communes et qui ont des écailles partout, des carpes miroir (comme la toute première !), des toutes petites mais aussi des grosses carpes de plus de 20 kilogrammes. J’ai pêché presque toutes les espèces de poissons que l’on trouve dans nos rivières. Des goujons, des tanches, des barbeaux, des truites, des brochets, des perches, des sandres ou encore des silures, pendant des heures, des jours, été comme hiver.
Et puis un jour, en 2004, j’ai eu la chance de pouvoir animer une colonie avec un vrai guide de pêche. On enseignait la pêche à des enfants comme mon papi me l’a apprise. Moi le petit garçon d’hier, j’enseigne aujourd’hui aux enfants et adolescents, aux garçons, aux filles et à leurs parents, grâce à mon entreprise Pesca d’Oc et des Associations de pêche : je leur apprend comment attraper des poissons, comment s’appellent ces poissons, comment s’appellent les arbres, les insectes, les grenouilles et mille choses des mystères de la Nature. Tiens, savais-tu que l’asticot c’est le bébé de la mouche ? Et oui… Comme la poule pond un œuf duquel naît un poussin, qui lui-même deviendra un coq ou une poule en grandissant, la mouche pond des petits œufs, et de chacun de ces œufs sort un asticot. Cet asticot deviendra plus tard une nouvelle mouche. Et sais-tu qui mange les mouches ? Les oiseaux, les araignées, les grenouilles et même les poissons ! On peut alors pêcher les poissons avec des mouches. Et la pêche à la mouche c’est tout un art, c’est la plus belle des pêches ! ! ! Mais ça, je t’en parlerai une prochaine fois.
Allez viens ! Allons pêcher !
Fin
Auteur : Julien Frappier, Guide de pêche PESCA D'OC - Illustratrice : Fifi (auteure du blog danslachambredemesenfants.fr)
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