Quelques jours plus tard, les trois pêcheurs partirent pêcher dans un étang tout proche de la rivière. C’était l’étang du Père Delajugie. Un copain d’enfance de mon papi. Il y avait dans cet étang une espèce de poisson très appréciée, la carpe. Toute mon enfance j’entendais parler des carpes gigantesques que le papa de mon papi capturait régulièrement dans la rivière. Il faut dire que c’était un fin pêcheur. Et ces carpes, c’était pour moi un rêve.
Ce jour là, je ne me rappelle plus ce que nous avions pris hormis quelques gardons, mais surtout j’avais pris ma première carpe ! Une vraie géante pour moi ! Peut-être dix ou douze centimètres ! ! ! Oui, j’étais fier. Mais avec ses cent grammes, elle était loin des carpes de huit ou dix kilos de mon arrière-grand-père Raymond. Je m’en rappelle comme si c’était hier. C’était une carpe miroir. Elle n’avait pas beaucoup d’écailles sur les côtés mais elle en avait des grosses qui brillaient comme de l’or au soleil. Bien sûr nous l’avions relâchée. C’était l’étang du père Delajugie… Il était temps de rentrer à la maison raconter l’exploit du jour à mamie impatiente de voir ses petits revenir.
Depuis cette année là, à chaque période de vacances, nous allions sur la rivière taquiner les poissons avec notre canne, notre ligne et nos appâts. Plus tard, mon papi nous enseigna une technique d’expert… la pêche à la mûre. Celle-ci se pratique pendant le mois d’août, quand les mûres sur les ronciers sont bien noires et bien savoureuses pour en faire de la confiture… La technique est simple mais l’art de lancer le petit fruit avec la ligne, son bruit caractéristique quand il tombe dans l’eau, la touche souvent très franche et le combat très vif du poisson font tout le charme de cette pêche. En allant à la rivière, nous nous arrêtions ramasser les mûres bien noires. Et pas n’importe lesquelles. Il faut qu’elles soient un peu dures mais pas trop, bien mûres mais pas trop molles et surtout le grain est très important. C’est qu’on ne pêche pas le cabot (chevesne) avec n’importe quoi.
A la pêche, il faut connaître la nature. Il faut respecter la nature si on veut qu’elle soit généreuse. Il faut savoir ce que mangent les poissons pour pouvoir les attraper. Connaître les fruits, les insectes volants, les insectes qui vivent dans l’eau avant de s’envoler comme les libellules, et bien d’autres choses, comme savoir choisir la bonne mûre pour pêcher les cabots. Le « plop », ce petit bruit que fait le fruit en rentrant dans l’eau attire en quelques secondes les cabots voraces qui mangent tout ce qui tombe des ronces au dessus de l’eau. Après avoir lancé la ligne avec adresse, quand le bouchon toulousain coulait, signal qu’un poisson avait mangé la mûre, Papi nous criait « Ferre ! » . Son cri joyeux s’entendait dans toute la vallée ! Immédiatement la canne se pliait et le fil sifflait tellement le poisson tirait fort. Parfois le poisson emmenait la barque un petit peu plus loin.
La suite, la semaine prochaine…
Auteur : Julien Frappier, Guide de pêche PESCA D'OC - Illustratrice : Fifi (auteure du blog danslachambredemesenfants.fr)
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